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La nouvelle génération des instituteurs marocains

La nouvelle génération des instituteurs marocains

La nouvelle génération des instituteurs marocains

Les garçons

Comme dans toutes les écoles du monde, les bons élèves sont devant, et les moins bons essaient de se cacher au fond de la classe. Mais notre arrivée a troublé l’école, les instituteurs sont sortis sur le pas de la porte, et les classes résonnent des rires des enfants qui nous ont entre aperçus, et ont deviné une diversion bienvenue à leur 45 minutes de cours. C’est Ramadan, en fin de matinée, tout le monde est content de s’arrêter.

Dans le douar des Aït Ballouk, à Tazzarine, l’école a cinq instituteurs. Les classes sont raisonnables, entre 20 et 30 élèves.

Mohamed Khalloufi est un des jeunes instituteurs qui font tout pour aider leurs élèves, pour les faire aller plus loin que le programme scolaire, et leur faire découvrir le monde. Il s’est équipé en informatique, un PC portable, un graveur, une carte satellite qui lui permet d’enregistrer des émissions de télévision. Il a un rétro projecteur, des hauts parleurs, et organise régulièrement dans sa classe, ou chez lui, des projections. Les plus sérieuses sont faites en classe, chez lui il offre plutôt des divertissements, comme des dessins animés, mais il profite toujours de l’occasion pour apprendre quelque chose aux enfants.

Il se sert d’événements d’actualité, de journées de sensibilisation, comme la journée mondiale de l’ozone, ou celle de la tuberculose, la journée marocaine pour la sécurité routière. Il construit ses diaporamas en incluant des vidéos, des textes, il cherche des références sur Encarta, bref, il donne à ses élèves de véritables leçons de choses, comme nos instits de la III° République le faisaient autrefois, et il tente de leur apporter tout le savoir disponible sur Internet, en le mettant à leur portée.

La lutte contre la Tuberculose sera l’occasion de parler bien sûr de médecine et de biologie, mais aussi d’histoire (qui a découvert le bacille, le vaccin…) et de prophylaxie. Mohammed compte sur ses élèves pour servir de relais de transmission vers leurs parents… Car les livres sont très rares ici, et en dehors de la télé, il n’y a pas beaucoup de sources d’informations disponibles.

 Le tableau blanc pour le multimédia

L’ADSL, qui arrive maintenant dans les campagnes a bien sûr changé la vie de Mohammed.

L’éducation est un des plus gros défis du Maroc. Avec un taux de natalité de plus de 22%, les jeunes enfants arrivent de plus en plus nombreux à la porte des écoles, tandis que la lutte contre l’analphabétisme renvoie les femmes et les adultes étudier, en dehors des heures de classe.

Ces deux dernières années, le ministère de l’Education revendique un taux de scolarisation de l’ordre de 99% des enfants faisant leur entrée en primaire. Les poches de résistance principales se situent dans les douars reculés des villages de montagne, particulièrement dans le Moyen et l’Anti Atlas, et chez les nomades non sédentarisés, pour des raisons évidentes. Aussi, beaucoup d’enfants abandonnent tôt l’école, ne dépassant pas le primaire pour entrer ensuite en apprentissage.

Mais peu à peu des collèges s’ouvrent, enseignement général ou technique. Il est de moins en moins difficile à un jeune de poursuivre ses études jusqu’au bac (organisé selon le modèle français) et les bourses pour l’université sont distribuées en fonction du niveau de revenu, pour permettre aux enfants des familles pauvres d’accéder à l’éducation.

Les filles

Tout n’est pas tout rose, loin de là. Il reste encore beaucoup d’anciens instituteurs, de la génération formée en urgence à l’indépendance, certains d’entre eux apprenant à leurs élèves des matières qu’ils ne connaissaient pas eux-mêmes, simplement en leur faisant répéter leurs livres.

Aujourd’hui on manque souvent de professeurs, les cours peuvent démarrer avec beaucoup de retard, parfois jusqu’à un mois.
Les jeunes instituteurs envoyés dans les douars reculés ont des conditions de vie très dures, s’ils sont arabes en poste en pays berbère leurs contacts avec la population peuvent être très réduits à cause de la barrière de la langue, mais aussi d’une certaine méfiance héréditaire.

Un instituteur au Maroc gagne en début de carrière environ 200 euros par mois, 600 à la fin. Il est souvent sur-diplômé, licencié, voir même titulaire d’une maîtrise, mais a dû se tourner vers cette carrière faute d’autres emplois plus adaptés. Il en garde la volonté de faire découvrir le monde à ses élèves.

Si vous passez par Tazzarine, Mohamed sera heureux de vous ouvrir la porte de sa classe.

La classe des touts petits

Pour aider une classe ou une école au Maroc, vous pouvez :

  • donner des fournitures scolaires (achetées sur place, cela fait marcher l’économie du pays, et c’est « tout compris » généralement moins cher que de le transporter d’Europe), cahiers, stylos, livres de classes du programme scolaire, craies, ardoises, etc… et mêmes tabliers et cartables. Ils seront distribués aux familles qui en ont vraiment besoin par les instituteurs ou le caïd.
  • donner du matériel pour la classe, mappemonde, cartes, planches d’illustrations, fournitures pour la pharmacie scolaire, matériel informatique, livres parascolaires, dictionnaires, livres de divertissement, jeux éducatifs. Là encore il vaut mieux acheter sur place (au moins dans les grandes villes, car certaines choses ne peuvent pas se trouver dans les petits villages. Même à Ouarzazate on ne peut pas tout trouver, il faut parfois aller jusqu’à Marrakech)
  • si vous êtes vous-même professeur, organiser un échange avec une de vos classes. Les correspondances, voir un parrainage à long terme sont un enrichissement mutuel très fort.

Marie-Aude Koiransky

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